samedi 16 janvier 2010

Peut-on envoyer un GTIA afghan de plus ?

Par delà l'extrême impopularité qu'il constituerait, peut-on envoyer, techniquement, un GTIA de plus en Afghanistan. On le voit dans le post précédent, la palette d'effets disponible pour un renforcement est large, mais chacun à son coût propre, pour le déploiement, et pour les opérations, sur place. Le déploiement d'un GTIA supplémentaire constitue environ 80 rotations d'Antonov, si on rappelle ce que fut le coût de projection du GTIA Kapisa, à l'été 2008. Et encore, en fonctionnant à coût réduit, puisque l'essentiel voyagea par mer jusqu'aux EAU, avant d'intégrer la soute d'un An-124.
Evidemment, dans l'optique considérée, on réduirait cette facture de déploiement en arrivant dans des FOB américaines qui n'ont déjà pas besoin d'être construites. Avec les réductions d'effectifs du Kosovo (passé de 1.350 à 800) et de Côte d'Ivoire, deux théâtres promis à fermeture prochaine, l'armée de Terre épargne des soldats, entend-on.
Mais c'est un faux calcul de croire que les soldats économisés sur un théâtre pourront, nombre pour nombre être injectés en Afghanistan, car tout y est différent, de la préparation opérationnelle, au matériel, en passant par les opérations, évidemment. L'attrition du matériel est aussi autrement plus forte en Afghanistan. Ainsi que les blessés, question taboue à Paris. Mais on a sorti des troncs, le 14-juillet dernier, pour collecter des fonds pour aider les blessés, une première.
Spécialisation de brigades ?
Un GTIA (comme une OMLT) entre dans le tunnel afghan plus d'un an avant son déploiement. Le 152e RI sait déjà, par exemple, qu'il sera en Afghanistan mi-2011 (voir notre post d'hier). Revenu du Liban en juin 2010, il va commencer son cycle de MCP (mise en conditions avant projection) en fin d'automne. Il reviendra d'Afghanistan début 2012, et sera inopexable pendant 8 à 12 mois, soit la fin de l'automne 2012.
Pour ces raisons, d'aucuns plaident de spécialiser certaines brigades sur l'Afghanistan, pour éviter de disperser les efforts de formation à cette guerre particulière. Et de renforcer l'expérience des soldats qui s'y succèdent. Par la force des choses, le même bataillon de chasseurs alpins reviendra désormais tous les trois ans en Kapisa, pour le mandat d'hiver. Tous les quatre ans pour la 11e BP, qui a quatre régiments d'infanterie : et cela, sans compter, évidemment, la participation aux OMLT. Un engagé ou un sous-officier peut accumuler au sein de son régiment, deux, voire trois ou quatre séjours en Afghanistan.
C'est ce qu'on déjà à leur crédit les unités de commandos de l'armée de l'Air (CPA), et ces couches d'expérience se traduisent, logiquement, par un surcroît d'efficacité.
Impacts sur l'infanterie... et ses appuis
Un GTIA afghan impacte un régiment d'infanterie, qui en forme l'épine dorsale, mais aussi et à chaque fois des régiments d'appuis (qui fournissent aussi les proterre, les OMLT, etc) en matière de génie, artillerie et cavalerie blindée. Sans oublier, non plus, les transmissions, et, c'est utile en Afghanistan, l'aéromobilité.
Sans oublier les appuis particuliers et indispensables du théâtre que sont les spécialistes du guidage des appuis, apportés par ces mêmes CPA et DLOC (détachement de liaison, d'observation et de coordination). Pour lesquels nous sommes (déjà) actuellement aux limites du modèle, particulièrement fragile.
Avec trois GTIA en permanence en Afghanistan (pour une durée de six mois), soit six à aligner chaque année, on impacte autant de régiments d'infanterie sur un cycle minimal de 24 à 30 mois. Auquel il faut rajouter une ponction des cadres les plus aguerris sur 6 autres régiments d'infanterie pour armer, annuellement, autant d'OMLT infanterie.
Par an, 12 régiments d'infanterie seraient donc impactés plus ou moins fortement par l'Afghanistan. Dans ce scénario, évidemment, qui n'est qu'un des scénarios.