mardi 23 septembre 2014

Un otage contre des bombes

C'est déjà arrivé par le passé, mais cela prend une acuité particulière aujourd'hui : un Français a été pris en
otage, et le motif invoqué par ses ravisseurs est la volonté de faire cesser des bombardements, ceux menés en Irak par la France depuis la semaine dernière. Le Français, Hervé Gourdel, a été enlevé dimanche, en Algérie, par un groupe, les "Soldats du Califat" se revendiquant d'EI, après avoir fait sécession d'AQMI.
La prise d'otages va, entre autres, obliger la France à faire évoluer sa rhétorique. Mais le pays où se déroule la prise d'otages bloque de fait toute action directe de la France sur ce sol, ce qui n'avait pas été le cas dans les affaires précédentes (1). Et vu le contexte, on voit mal la France payer une rançon à un groupe affilié à la galaxie... qu'elle bombarde en Irak. D'autant plus que les Etats-Unis ont récemment rappelé que la France émargeait en tête des nations qui paient des rançons pour récupérer leurs otages.
Un peu tardivement, le quai d'Orsay a émis une alerte pour les ressortissants français évoluant dans une trentaine de pays, essentiellement en Afrique du nord.
La préfecture de police de Paris a organisé vendredi soir une réunion de synthèse sur la sécurité en Ile-de-France. Pour l'heure, aucun renforcement du plan Vigipirate n'a été annoncée : il est vrai qu'il ne reste plus qu'un cran avant le niveau maximal. Les dernières interpellations réalisées par l'antiterrorisme français ces dernières semaines ont ciblé des individus armés.
EI a diffusé avant-hier un document invitant ses supporters à cibler par tous les moyens les deux nations qui le bombardent en Irak : les Etats-Unis et la France.
Plus de 900 Français sont impliqués dans les combats en Irak et en Syrie, aucune évaluation ne livrant précisément ceux engagés dans les rangs d'EI.

(1) rappelons qu'en janvier 2011, la France (via ses forces spéciales) était intervenue au Niger pour tenter de libérer deux otages enlevés à Niamey. Et elle n'avait pas exclu, toujours avec le même outil, d'aller chercher la famille Moulin-Fournier au Nigéria par une opération du 1er RPIMa, comme je l'avais révélé dans mon livre "Commandos français".